LA bataille des Jagas à San Salvador




Il serait intéressant de connaître toute l'histoire des Bajag, groupe originaire des Punu, malheureusement ignorant comme beaucoup de peuples Africains l'Ecriture, ils ne se sont faits connaître que très tard à travers leurs luttes contre l'hégémonie Européenne. Ainsi les Bajag sont mention nés dans l'histoire dès le XVè siècle. Tout ce que nous savons, c'est qu'on leur attribue les premières incursions des barbares dans le Nord du royaume Kongo. Ensuite on les voit s'activer dans les diverses relations de commerce des commerçants très actifs, des guer- riers intrépides formant le mercenariat des chefs de la cuvette congolaise, voire des Portugais de l'Angola. Du Xllè

(1) MAGANG-MBUMB - :O Les Bajag du Gabon, ,o-.Óp. cit. p. 15.

au XIXè siècle, plusieurs auteurs leur attribuent le monopole des transactions commerciales entre les côtiers et les Batékés. D'après BALANDIER qui note qu'en février 1906, le rapport du chef de poste de Tchibanga indiquait : "depuis des années les tribus Bayaka ne vivaient que de leur commerce d'intermédiaires. Lasuppression de la traite des esclaves, la fer- meture des cases à sel du littoral e t l a pénétration des com-merçants Européens ont complètement changé la situation(1). Ce commerce d'intermédiaire d'après VAN WING existe depuis le XVIlè siècle(2). Au XlXè siècle en fait les Bajag seront les premiers dans le bassin du Congo à prendre les armes pour repousser l'invasion Européenne. Mais la question est, qui sont-ils ? D'après Avelot "les Bajag seraient issus de.la race guerrière nilotique KWAFI-MASAI du haut Zambèze" (3) Plusieurs auteurs soulignent que les Bajag ou Jaga portaient déjà leur nom dans leur pays d'origine lehaut Congo. La question de leur migration  en direction Nord est mal connue. On s'accorde à dire qu'ils se virent obligés de s'expatrier soit sous la pression de leurs congénères,


(1) BALANDIER(G) Sociologie Actuelle de l'Afrique Noire, Paris 1971, p.44. (2) VAN WING ; Etudes BAKONGO, Sociologie, Religion et Magie, Bnuxelles, 1959, p.22. (3) AVELOT op. cit. pp.75-216.

soit à la suite d'une peste bovine. Privés de leurs terres, ils se virent contraints d'attaquer le royaume de KONGO. "En 1558, ils envahirent la Province du Nord Est, Mpata et Mpangu. Divisés"en compagnies ayant chacune un chef, les Bajags marchaient sous la conduite de ELEMBE-ZIMBO aidé de sa femme TEMBA-NDUMBA. Dans une poussée formidable, ils franchirent le Congo moyen envahirent MPATA, MPANGU, MPEMBA, et s'avan-cèrent jusqu'à SOGNO"(1). Ils mirent le royaume à feu et à sang et définirent toutes les troupes envoyées contre eux. Deux souverains du KONGO tombèrent sur le champ de bataille en 1567(2). ALVAROT 1er qui monta sur le trône de KONGO en 1568, fûtvaincu aux abords même de sa capitale, contraint de se retirer dans la ville avec de lourdes pertes. Les BAJAG mirent le siège devant la ville qui fût prise et livrée au pillage. Le Roi réussit à s'enfuir avec sa cour et quelques ressortissants portugais. Après le sac de la ville royal< les différents groupes BAJAG se répandirent de par le royaume. Les BAKONGO des plaines s'enfuirent dans les montagnes et une grande famine s'abattit sur le pays ; des milliers de personnes moururent de faim. Au désastre militaire s'ajouta

(1) VAN WING : Etudes BAKONGO p.22. (2) BALANDIER(G) :

La vie quotidienne au royaume de KONGO du XVlè siècle au XVIIlè siècle, Paris, 1965,p.57. donc la famine et l a peste. Tirant profit de cette situation les Portugais accentuèrent le trafic des esclaves, les Bakongos se vendirent les uns les autres sans excepter des membres de la famille royale et des principales familles du royaume. Les Portugais n'eurent plus aucune peine à charger leurs cargaisons pour ravitailler la métropole. La victoire des BAJAG sur le Roi de Kongo ne fut point définitive : celui-ci noua des relations diplomatiques avec le Portugal, entretenant à sa cour des conseillers Portugais, fit appel à l'armée du roi du Portugal. Dom Sébastien, Roi du Portugal ne se fit pas prier, il dépêcha le général FRANCISCO de GOUVEIA à la tête de six cent soldats Espagnols et d'un grand nombre de mercenaires assoiffés d'or. En 1574, DE GOUVEIA arrive au Kongo avec ses hommes et attaquent les BAJAG qui résistèrent farouchement à la coa- lition de DE GOUVEIA et des troupes de Kongo. Malgré la bravoure et l'ardeur des combattants, les Bajag furent vaincus à plusieurs reprises grâce à des bombardes et des arquebuses. En 1578, les coalisés vinrent à bout du dernier détachement des Bajag qui occupaient l'ile de LOANDA, centre principal des Portugais. Victoire chèrement payée par les Portugais, con- séquence désastreuse pour les Bajag ; état détruit, armée désorganisée, chaque compagnie ou groupe essaie alors de se tailler un territoire par la force des armes. L'unité des Bajag était compromise pour de longs siècles. La défaite va émietter le groupe ethnique. Les Bajag des compagnies de l'Ouest franchirent le fleuve Congo au Nord de SAN SALVADOR et s'établirent en plusieurs groupes distincts dans la vallée/du KWILU-NYARI, Ce sont les Ancêtres des Bavili, Bayombe, Bakunyi. VAN WING affirme qu'ils s'y fixèrent et finirentpar adopter des moeurs plus humaines transforment ainsi la société Loango. Cependant certains d'entre eux poursuivent leur marche jusqu'au delta de l'Ogowè. Ce sont les BAVAREM, mentionnés sur les cartes du XVIlè siècle sous le nom de BRAHAMAS. D'autres, après avoir suivi les plaines de la NYANGA et de la NGOUNIE, s'établirent dans les régions montagneuses et dans la partie Nord de la savane de Tchibanga, ce sont les Bapunu, Batsangi, Banzebi, Massangu, Balumbu, Gisir et Bavungu.

Autre livre:

The Tio Kingdom of The Middle Congo: 1880-1892

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