LE FONCTIONNEMENT DE LA FAMILLE PUNU

1. Le statut et devoirs des membres de la famille
Les Punu sont matrilinéaires. Cette filiation a son origine dans le complexe dit de mame Bwang. D'après la légende, la mère Bwanga s'était donnée en sacrifice à Dieu par amour sur la tombe de son fils unique. De façon symbolique, les enfants appartiennent à la lignée maternelle. Les enfants sont du clan de la famille maternelle. Au même titre que le père, l'oncle maternel a aussi des devoirs et des droits sur les neveux et nièces. Il est le porte-parole, le représentant légitime de sa sœur devant toute assemblée d'hommes. Au sein d'une famille, lorsqu'il se pose un problème grave ou de droit (maladie, décès ou mariage), le chef de famille a obligation d'agir en concertation avec le frère ou autre représentant légitime de son épouse. L'oncle joue le rôle de garant ou de référant lorsque le père est absent. Le chef de famille et son beau-frère sont réciproquement en position "d'alter ego". Ils se surveillent et se craignent mutuellement. Lorsque l'un intente une action malveillante ou désobligeante (sacrifice, envoûtement...), il s'expose aux sommations de réparation de l'autre, au titre des clauses de la loi coutumière. La femme appartient à la famille du mari. En cas de décès du conjoint, elle peut revenir en mariage au frère ou neveu du défunt. De même, la disparition prématurée de l'épouse peut être l'occasion d'une succession matrimoniale; à condition que le veuf obtienne l'aval de sa belle famille. Le choix se porte souvent sur l'une des cadettes de la défunte. L'éducation des enfants est assurée par la famille restreinte et la famille élargie. Les enfants reçoivent protection des deux familles des conjoints. L'obéissance est la première règle. Tout adulte a droit de regard sur les faits et méfaits des plus jeunes.
Les mésactes du jeune sont considérés comme une atteinte grave à la dignité de ses géniteurs. La réhabilitation de la bonne foi d'un déviant fait souvent l'objet d'un bref rituel oratoire: u lève pési. Au nom de Dieu, des ancêtres ou d'un parent défunt, l’intéressé implore instamment: pési vèngu ni labe bakagulile bami, je jure au nom de mes ancêtres. Les problèmes d'adoption ne se posent pas car un enfant est toujours pris en charge par les parents maternels et paternels.
2. Le respect entre les membres de la famille
Le respect est un élément fondamental dans les dynamiques socio-familiales. La marque de respect est conférée par le droit d'aînesse et le nom que l'on porte. Dans la vie courante, toute femme âgée est la symbolique d'une mère potentielle. A ce titre, un droit de respect naturel lui est dévolu. Pour nommer cette dame, il est juste de dire: "mame, maman suivi de son nom de famille". TIen est de même pour un père de famille. On dira: tate, papa suivi du nom de famille. Le cadet ou la cadette confère le titre de jaji ou yaya pour nommer son aîné (e). L'aîné d'un ami est par extension l'aîné de tous. Il s'agit là d'une prérogative inaliénable des relations d'amitié et de solidarité à l'égard de son ami. L'ami est pris comme un frère de sang. Le respect par le nom, "le respect patronymique" paraît pour le moins le plus déroutant chez les Punu. En effet, un adulte peut naturellement être amené à témoigner du respect à plus jeune que soi par le simple fait que celui-ci, de par son patronyme, sa devise, évoque l'âme d'une illustre figure de la filiation. Ainsi, une mère de famille peut être amenée à appeler son petit garçon: tate, papa. il en est de même pour un père de famille qui appelle sa fille: mame, maman.
Dans ces deux cas, les enfants portent respectivement le nom des grands-parents. Ils sont la représentation vivante des disparus de leurs géniteurs. Pour nommer son homonyme on dit: dine ou mwa dine, mon homonyme. De façon élégante, on entend les Punu qui portent les mêmes noms s'appeler: dine Mabik, dine Busugu, dine Musavu, mwa dine. Chez les Punu, tout le monde tutoie tout le monde. Il n'existe aucune barrière de classes. Les noms se transmettent de génération en génération. Le nom est un indice d'appartenance à une famille, à une communauté. Le nom détermine le statut au sein d'une famille. Le nom est une composante de la personnalité. Bukulu, la généalogie, est racontée par les grandsparents à l'aîné de la famille si celui-ci est réceptif. Le plus souvent, la mère transmet à sa fille l'histoire du clan aux champs. Le père va révéler les secrets claniques et totémiques à son fils ô dibugu : le lieu où se déroule la récolte du vin de palme.
3. Le vocabulaire familial
boji : le beau-fils
dibàle : l'homme
ditati : le bébé
 ibandu : le clan
iduki : le puîné(e)
ifumbe : la famille
ivale : le rival
ivunde : le grand,l'aîné
jaji: grand-frère, grande-soeur
kage : grand-père, grand-mère
kagulile : arrière-grands-parents
katsi : l'oncle
mame : maman 
mavase : lesjumeaux
marine: le benjamin, benjamine
moji : le lignage
mugatsi: l'épouse m
mugétu : la femme
mulumi : le mari, l'époux
mugulu : l'ancêtre
mutégule : petit fils, petite fille
mwane : l'enfant
mwane katsi : le neveu, la nièce
ndande tégule : l'arrière petit fils, petite fille
ngébi : le petit, le jeune
nguji : la mère
nzaji : le beau-frère
pale: la rivale
taji : le père
taji kétu : la tante paternelle
tsomi : l'aîné (e)

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